Mouliets et Villemartin

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Eglise Saint Ferdinand-Saint Martin de Piquessegue à Mouliets

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Ancienne Eglise paroissiale de Mouliets.

 

 

 

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Chapelle Saint-Jean des Hospitaliers de Villemartin

 

 

Les 1058 habitants de la commune vivent sur une superficie de 16 km² avec une densité de 66 habitants par km² et une moyenne d'altitude de 10 m.

 

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CHAPELLE DE VILLEMARTIN

 

Ses origines.

L’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem était un ordre de chevalerie, religieux et militaire, responsable de l’accueil et de la sécurité des pèlerins durant les croisades. Plus ancien mais moins célèbre que celui des Templiers auquel il a survécu, il est connu de nos jours sous le nom d’Ordre de Malte.

Villemartin est considéré comme l’un des plus anciens établissements de l’ordre des Hospitaliers dans la région.

L’histoire de ses origines et de son développement nous est connue grâce aux travaux de J.-B.  Marquette sur un cartulaire, recueil des actes de la communauté, conservé aux Archives départementales de la Haute-Garonne. (1)

Un des actes du XII° siècle relate un don fait à un frère de l’Hôpital par Raimond Martin, prieur de Bellefont, de ce que le prieuré possédait dans la paroisse de Mouliets ainsi que de la chapelle de Villemartin et de ses dépendances, avec la contrepartie d’une offrande « de deux sous doublie », un pain de communion, chaque année pour la Sainte Marie-Madeleine.

Peu de temps après la donation, les Hospitaliers ont rebâti la chapelle selon le plan des églises templières ou hospitalières de Gironde : une seule nef se terminant à l’est par un chevet plat éclairé de trois baies, un banc de pierre adossé aux murs intérieurs, … etc.

Ils ont aménagé ou construit les bâtiments annexes : résidence du commandeur, logis pour les frères avec les réfectoires, hôpital, prison, granges, celliers et écuries, et probablement la galerie d’un petit cloître.

La présence de corbeaux saillants intégrés dans les murs extérieurs indique que des bâtiments étaient accolés et ceinturaient la chapelle.

Ces constructions seraient datées de 1190 à 1200 pour la plupart.

(1) J.B. Marquette. La Commanderie des Hospitaliers de Villemartin. Revue Historique de Bordeaux 1966.

 

Un développement rapide.

La Commanderie de Villemartin, qui prit véritablement son essor dès les premières années de son existence, était chargée de gérer les biens importants appartenant à l’Ordre, le plus souvent obtenus par donation voire même par dot et situés principalement dans les paroisses avoisinantes.

Les Hospitaliers ne tardèrent pas à s’étendre dans tout le voisinage, et surtout dans les paroisses de Mouliets et de Pujols, mais ils possèdent également une église à Mauriac, des maisons à Gensac, Castillon ou Frontenac, un moulin sur le Romedol, des vignes et des pâturages à Doulezon, Juillac, Auriole, des bois et même de véritables forêts comme celles de La Roque ou de Civrac.

Les revenus de la Commanderie complétés par les intérêts des prêts importants consentis à des seigneurs impécunieux étaient une source de financement extrêmement importante pour les activités militaires de l’Ordre en Terre Sainte.

Elle assurait aussi l’entretien et la charge d’un petit hôpital au profit des habitants de la région.

Une de ses missions fut également d’héberger et de protéger les voyageurs en particulier les pèlerins de Compostelle qui y trouvaient refuge puisque l’un des chemins de Saint Jacques passait non loin de là par un guet sur la Dordogne, au Pas-de-Rauzan.

La commanderie était administrée durant la période où elle était autonome par un commandeur qui jouait un rôle primordial tant dans le domaine temporel que spirituel. Les chevaliers étaient rares à Villemartin puisqu’affectés principalement outre mer. Avec un chapelain, des frères servants et également des sœurs, ils formaient le conseil de la communauté et encadraient une main d’œuvre locale

Si les commandeurs successifs durent faire face à quelques différends les opposant à leurs voisins, comme par exemple les moines de Saint-Florent de Castillon, il leur fallu aussi se défendre des attaques violentes de quelques personnages puissants du voisinage, comme le Seigneur de Bergerac et de Gensac, ou le Vicomte de Castillon.

Les seigneurs de Pujols et les commandeurs se partagèrent la haute et basse justice avec une prison commune située à Villemartin.

 

Une lente destruction.

On peut imaginer les pillages et les ravages pour un domaine au cœur des multiples conflits de la guerre de Cent Ans qui se termina, à proximité du domaine, par un passage des fuyards de la Bataille de Castillon depuis le Pas de Rauzan en 1453. Après la guerre, les pertes humaines ayant été nombreuses et les domaines désertés par les partisans du royaume d’Angleterre à cause du rattachement de la Guyenne à la France, les Hospitaliers se joignirent aux seigneurs de la région pour organiser le repeuplement à partir des immigrants venus de Saintonge, du Poitou et des pays de la Loire.

Après la suppression de l’Ordre des Templiers et une réorganisation des commanderies des deux ordres, la maison de Villemartin devint une dépendance de la Commanderie d’Arcins en Médoc.

Pendant les guerres de Religion, le domaine fut dévasté et plus tard, au 17° et au 18°, les comptes rendus de visite des hospitaliers d’Arcins signalent le bon entretien de la chapelle couverte de tuiles canal, mais les autres bâtiments semblent avoir disparu.

Un acte municipal de l’an II de la République certifie « qu’il n’existe d’autres imeubles apartenent à la commune que la ci-devant église et un cimetière ; »

Villemartin qui était devenue une paroisse du diocèse de Bazas sera transformée par la Révolution en commune puis fusionnée avec Mouliets sous le Premier Empire.

La charpente s’est effondrée au début du XIX°, et les tombeaux « …brisés en mille pièces par les autorités du lieu pavent la route de Mouliets « (2)

Un peu plus tard, l’urbanisation s’étant développée autour du hameau de Piquessègue, la municipalité projeta d’y construire une troisième église avec destruction des deux anciennes pour le réemploi des matériaux. Les habitants refusèrent énergiquement.

La chapelle fut protégée une nouvelle fois des projets de la commune par son classement comme Monument Historique en 1920. Pour couvrir les frais de construction du monument aux morts de la commune, le Conseil Municipal souhaitait en effet vendre l’édifice, sous prétexte que « …les restes de cette petite église n’ont, au dire de personnes compétentes, aucun cachet artistique et sa construction ne remonte pas à une époque assez reculée pour en faire tout au moins un monument précieux par son ancienneté … » (3)

A la fin du XIX° Leo Drouyn décrivait l’état des lieux de la façon suivante : « … Les voûtes et les charpentes sont effondrées, les murs tombent en ruine ; des acacias et des ronces encombrent la nef et le sanctuaire ; le cimetière et sa croix renversée ne sont pas plus respectés que l’église. Il est à craindre que dans peu d’années il ne reste plus rien de ce que fut la commanderie de Villemartin. » (4)

(2) H.de Marquessac. Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem en Guyenne 1866

(3) Conseil municipal de Mouliets-et-Villemartin. Janvier 1920.èces de monnaies ont été découvertes

(4) Léo Drouyn. Variétés girondines. 1879

 

Huit siècles plus tard.

En 1973 le service des Bâtiments de France autorise une campagne de travaux d’entretien et la mise en valeur de l’édifice par le GREHSAC …. puis des fouilles archéologiques l’année suivante. Vingt-quatre pièces de monnaies du Moyen -Age, dont des doubles tournois, ont été découvertes et probablement un bourdon, le traditionnel bâton du pèlerin de Compostelle.

Les années suivantes des travaux de dégagement et des interventions ponctuelles furent menés

par les municipalités successives.

Soucieuse de la conservation de son patrimoine historique et culturel, et dans le but de permettre la visite du monument au public dans de bonnes conditions, la commune a entrepris au début du 21ème siècle, sous le contrôle de l’architecte en chef des Monuments Historique, une importante opération de restauration avec le soutien financier du Ministère de la Culture, du Conseil Régional d’Aquitaine et du Conseil Général de la Gironde.

Les travaux permettant d’arrêter la dégradation des maçonneries, de restaurer les façades et d’aménager le sol intérieur ont duré trois ans.

A la fin des travaux, en partenariat avec la Fondation du Patrimoine, la Fondation Total a contribué à la mise en valeur de ce qui reste de l’édifice par une illumination du site.

Le plan de la chapelle est à nef unique divisée en trois travées, avec un chœur de même largeur et un chevet plat orné de trois fenêtres.

La troisième travée qui formait le choeur avait des voûtes qui reposaient à chaque angle sur deux colonnes jumelles dont l’une s’arrêtait à mi hauteur sur une tête humaine.

Sur le coté nord, les têtes dont l’une a été dessinée par Léo Drouyn en 1862 ont été dérobées depuis, puisque la pierre du mur qui faisait bloc avec la sculpture a été extraite. Elles auraient pu représenter Aliénor d’Aquitaine et Henri Plantagenêt car la Guyenne était une possession des rois d’Angleterre lors de la construction de la chapelle. En face, les têtes sculptées d’un évêque et d’un diable n’avaient pas été jugées dignes d’intérêt.

Il reste l’autel roman bâti en belles pierres. De chaque coté, de petites cavités cintrées sont percées dans la muraille pour les objets du culte. Au nord, il s’agit d’une armoire géminée qui pourrait être un tabernacle.

L’aménagement du sol a été reconstitué en partie, grâce aux relevés effectués par un chantier de jeunes archéologues.

Les fonts baptismaux ont été retrouvés récemment et installés à leur emplacement d’origine, dans l’angle nord-ouest.

La porte percée au nord était réservée aux Hospitaliers qui résidaient probablement dans les bâtiments accolés à l’église.

La porte principale s’ouvre au sud sous trois arcs cintrés. Le plus remarquable est orné de sept lobes, symboles présents sur les routes du chemin de Saint-Jacques vers l’Espagne.

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Messe inaugurale 7 septembre 2013

Crèche à Mouliets