Castillon-la-Bataille

 A la révolution, la paroisse Saint-Symphorien de Castillon forme la commune de Castillon et la paroisse annexe Sainte-Marguerite de Capitourlan (de Notre-Dame de Belvès) forme la commune de Capitourlan.

La commune de Capitourlan est rattachée peu aprés à celle de Castillon qui devient Castillon-et-Capitourlan.

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L'Eglise Saint-Symphorien, construite au XVIIIe siècle

i33108a-gbx-2011-5-01.jpg La chapelle Sainte Marguerite  XIIe siècle, située à Capitourlan

 

Les habitants de Castillon-la-Bataille sont appelés les Castillonais et Castillonnaises.

Les 3362 habitants de la commune vivent sur une superficie de 6 km² avec une densité de 560 habitants par km² et une moyenne d'altitude de 20 m.

L’origine du nom Castillon provient du latin Castellum, désignant le «fort» ou le «château fort» donc d’un emplacement doté d’une bâtisse fortifiée. En 1953 Castillon, pour le 500ème anniversaire de la bataille de 1453, prend le nom de « Castillon la Bataille »référence à la bataille du 17 juillet 1453 qui se déroula aux pieds de la ville et qui marqua la fin de la guerre de 100 ans entre Français et Anglais.

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*L'église Saint-Symphorien a tout juste 270 ans cette année. C'est en mars 1746 en effet qu'elle est « bénite » solennellement, mais elle n'est réellement ouverte au culte qu'au début de l'année 1747.

Sa construction fut précédée d'une longue histoire... 

 

On sait peu de choses sur l'église paroissiale primitive, déjà dédiée à Saint Symphorien, un jeune chrétien du IIème siècle martyrisé dans la ville d'Autun pour avoir refusé de s'incliner devant la statue de la déesse Cybèle. Cette église, que l'on situe dans le haut de la ville fortifiée, pas très loin de l'emplacement de l'actuel presbytère, a probablement été construite au XIIème siècle, comme la plupart des églises de notre région. Le curé Jay, au XVIIIème siècle, la qualifie de « superbe », mais dès la fin du XVIIème siècle elle est en très mauvais état. Un rapport établi en 1677 à la demande de l'évêque de Bordeaux souligne que « pour fenêtres il n'y avait que des châssis de bois à demi garnis de quelques lambeaux de toile pourrie », et qu'il était difficile d'y célébrer la messe.

 

Il est vrai qu'entre temps la majorité des habitants de Castillon a adopté la religion réformée et que depuis les environs de 1550 l'église est pratiquement abandonnée. Les guerres de religion, le siège et la prise de la ville, suivie de son saccage, en 1586 par les troupes catholiques, et en 1622 la démolition des remparts de la ville, comme dans toutes les villes protestantes, n’a pas dû arranger les choses...Dès cette époque le prieur de Castillon suggère que les pierres issues de la démolition des remparts servent à construire une nouvelle église !

 

L'édit de Nantes en 1598 devait mettre un terme aux guerres de religion, sa révocation en 1685 ranime les querelles, les pasteurs doivent émigrer, les protestants abjurent sous la pression des dragons. Peu auparavant, en 1675, le vicomte de Castillon, le grand Turenne, qui s'est converti au catholicisme, meurt après avoir reçu un boulet de canon à Salzbach. Turenne, dans son testament, lègue 20 000 livres « pour le soulagement des pauvres qui se convertiraient à la religion catholique à Castillon ». Ces deux événements, le legs de Turenne et la révocation de l'édit de Nantes, sont à l'origine de la nouvelle église. Mais il faudra bien du temps et des péripéties avant que commence sa construction !

 

Dès 1686, le devis d'une nouvelle église, très vaste, qui devait être construite à peu près au même endroit que l'ancienne, est établi, mais faute de fonds pour un projet trop dispendieux le projet est vite abandonné. On continue donc de célébrer le culte dans l'église délabrée où une chapelle peut encore accueillir les paroissiens. Mais ceux-ci préfèrent souvent aller dans l'église des Carmes peu éloignée....

 

L'archevêque de Bordeaux veut accélérer les choses. Il vient à Castillon en 1738 et choisit le nouvel emplacement. A la suite de cette visite, un second projet voit le jour. Les plans sont dressés par le bordelais Portier, et l'adjudication est donnée à l'architecte Boussigon. Les travaux doivent impérativement être terminés en 1743. Ils commencent en 1740, après l'achat des terrains et maisons qui occupaient le lieu choisi, mais le chantier rencontre de grosses difficultés : le sol est trop tendre, il faut creuser plus profondément que prévu, et... on manque de charrettes !

Toutefois la sacristie est achevée en 1742, ainsi qu'en atteste l'inscription très visible sur son plafond. C'est seulement en 1746 que l'église est « bénite » par le curé de Castillon, Amade.

 

Mais elle a coûté très cher, même si une certaine sobriété a été choisie. Alors comment l'a-t-on financée ? Par le legs de Turenne. Avec la révocation de l'édit de Nantes les protestants ….n'existent plus, donc le legs devient sans objet. Après une longue procédure il est affecté à la construction de la nouvelle église et d'un hôpital qui verra le jour un peu plus tard (l'actuelle mairie).

 

Après le rappel de son histoire,  découvrons l'église Saint Symphorien actuelle.

 

L'ARCHITECTURE EXTERIEURE :

La façade est d'un classicisme austère, assez éloigné de la richesse des constructions baroques que l'on trouve, par exemple, dans l'église Notre-Dame de Bordeaux, construite quarante ans auparavant. Elle est à trois niveaux, le premier avec la grande porte surmontée d'un arc en plein cintre et deux ouvertures indiquant les bas-côtés, le second avec une baie centrale entourée de pilastres à chapiteaux ioniques, le troisième avec un fronton triangulaire dissimulant les combles.

Le campanile a été ajouté au XIXème siècle.

Le clocher, très caractéristique de l'église, est surmonté d'un dôme « à l'impériale », d'une boule et d'une croix. Elle abrite trois cloches, l'une de 1772 (sonnant le la), l'autre de 1840 (sonnant le si) et la 3ème de 1939 (sonnant le sol).

 

L'ARCHITECTURE INTERIEURE :

La nef mesure 34,50 m de long et 9,75 m de large. Cinq arcades la séparent des collatéraux. Le second niveau, voûté en plein cintre, est éclairé de vitraux du maître verrier Dagrand (posés entre 1882 et 1884). On peut noter que les vitraux du côté sud ont été détruits en 1940 lorsque le pont sur la Dordogne a sauté, et ont été refaits en 1953 par le maître verrier Guibert.

Le chœur de forme pentagonale, était à l'origine éclairé par deux fenêtres situées sur les deux pans obliques entourant l'autel, fermées au XIXème siècle (leur emplacement est visible de l'extérieur).

 

LA DECORATION ET LE MOBILIER :

Afficher l'image d'origineAprès la Révolution, le curé de Castillon se plaignait de la pauvreté des décorations et du mobilier de son église. C'est donc le XIXème siècle qui a laissé une forte empreinte à l'intérieur de l'église, parfois d'ailleurs par l'apport de tableaux datant du siècle précédent.

Seul le maître-autel est plus ancien. En marbre rouge et noir, et en forme de tombeau, il est daté de 1771. Il était surmonté du tableau de la crucifixion (1759) déplacé plus tard et accroché au-dessus de la porte latérale sud.

Le tabernacle en bois doré est de 1752.

 

Du XVIIIème siècle encore, on peut relever :

  • sur le quatrième pilier sud de la nef, la plaque en marbre (1767) rappelant qu'un legs de Turenne a permis la construction de l'église,
  • les deux tableaux situés dans le chœur, et représentant l'un la Sainte Famille, l'autre le Saint Sacrement, d'un peintre libournais et datés de 1759,
  • les deux plus remarquables tableaux : le Sacrifice d'Abraham, du peintre hollandais Jacob Demayer (sur le bas-côté sud) et la Présentation de Marie au temple du peintre mexicain Juan Correa (sur le bas-côté nord) ces deux tableaux ayant été extraits des collections du Louvre en 1818 à la demande du duc Decazes,
  • le lutrin composé de deux aigles affrontés,
  • le bénitier de marbre rose récemment replacé au début de l'allée centrale.
  • Les quatre reliquaires de la chapelle de Saint Joseph.

 

Au XIXème siècle on doit :

  • les stalles,
  • la peinture de la coupole du chœur par Jules Constant (1882)
  • la statue du Sacré-Cœur surmontant le maître-autel, de Venturini (1884),
  • le tableau du martyre de Saint Symphorien par Eugène Mondan, placé au-dessus du maître-autel en 1844 à la place du tableau de la Crucifixion puis accroché au-dessus de la porte nord en 1884.

 

Au XXème siècle, a été ajoutée la tribune (1934)  et ont été aménagées les deux chapelles (1923), celle du Souvenir de la guerre de 1914-1918 (avec son vitrail représentant l'abbé Giraud, curé de Castillon, sur le front, et le gisant de pierre), et celle des fonds baptismaux.

 

Si l'association des Amis de l'Eglise Saint-Symphorien a pris l'initiative ces dernières années de belles restaurations des tableaux, il reste malheureusement beaucoup à faire à l'extérieur et à l'intérieur.... La mairie a de grands mais coûteux projets !

 

 

*Cf: L’Écho de nos paroisses,N° 16 et 17, trimestriel

Rédaction et impression : 22 rue des remparts- 33350 Castillon-la-Bataille - Directeur de rédaction : Abbé Eric SCHIRCK

Comité de rédaction : B. & F. Benotteau - J. Fance - J.M. Lachaize - C. Léca - J. Richebé   -     Tiré à 400 exemplaires